Le magazine international de design, décoration, architecture et art, AD, a récemment publié, le 7 juin dernier, un article de Katherine McLaughlin sur le marché immobilier au Japon, disponible sur son site web dans sa version française. Nous vous en présentons ci-dessous un extrait.
Au Japon, des millions de maisons abandonnées (presque) gratuites
Ces maisons japonaises baptisées Akiyas se vendent pour 21 500 euros.
Qu’est ce qu’une Akiya ?
Pour accéder investir dans l’immobilier, les Américains se rendent désormais en masse dans les régions rurales du Japon, où une multitude de maisons vides sont proposées à des prix étonnamment bas. Des millions d’Akiyas – « maison vide » en japonais – ont été laissées à l’abandon pendant des années et, dans le cadre d’une récente campagne de revitalisation des zones rurales, sont vendues aux enchères ou à bas prix. « Beaucoup de Japonais n’aiment pas les maisons qui ont déjà été habitées, les étrangers, eux, se concentrent plus volontiers sur leurs prix très bon marché et sont plus enclins à réutiliser et à rénover selon leurs goûts et leur budget », explique dans le New York Times Chihiro Thursfield, elle-même d’origine japonaise, qui a acheté une Akiya avec son mari en 2017.
Beaucoup de ces maisons ont été abandonnées pour des raisons très diverses, toutefois l’élément déclencheur est souvent le décès du propriétaire d’origine. Parfois, un héritier refuse d’accepter la maison que sa famille a laissée derrière elle, comme ce fut le cas pour celle de Chihiro. D’autres ne désignent pas d’héritier, ou bien les parents à qui la maison a été léguée n’en ont pas besoin, mais ne veulent pas vendre les terres familiales par respect. Quelle que soit la situation, le résultat est souvent le même : une maison vide laissée à l’abandon et qui se détériore.
Une Akiya pour 1700 dollars en 1973
Pourtant, comme le soulignent de plus en plus les autorités locales, les maisons abandonnées ont un impact sur le paysage et peuvent être dangereuses si elles s’effondrent. Bien que de nombreuses municipalités aient mis en place de nouvelles taxes pour inciter les propriétaires à démolir ou à entretenir leurs maisons, la diminution de la population japonaise fait que de nombreux Akiyas ne trouvent pas preneur. Dans ce cas, le gouvernement s’octroie la maison et la vend aux enchères, souvent pour une somme dérisoire. Chihiro Thursfield et son mari ont pu acheter la leur pour 21 500 euros. Un autre propriétaire qui s’est entretenu avec le Times déclare avoir acheté sa maison pour moins de 1700 dollars en 1973, même s’il a dû investir environ 650 000 dollars depuis pour l’entretenir, dont la moitié de subventions municipales.
Pour faciliter la coordination entre les acheteurs et les propriétés, les municipalités japonaises ont créé des pages web, connues sous le nom de Akiya banks, où les listes sont compilées. Malgré cela, certains acteurs du secteur privé estiment que ces solutions gouvernementales n’aident pas suffisamment les acheteurs intéressés et ont créé leurs propres entreprises pour faciliter les transactions. Akiya & Inaka est l’une de ces entreprises, où une Akiya, par exemple, est cotée 12 000 000 yens, soit environ 84 000 euros. Matthew Ketchum, cofondateur d’Akiya & Inaka, affirme dans le Times que la majorité des clients internationaux viennent désormais des États-Unis, ce qui représente une augmentation significative par rapport à l’ouverture du cabinet en 2020.
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